TOKYO NOTES

Oriza Hirata a écrit cette pièce en 1994 et il en situait l’action en 2004.

Dans cette pièce d’anticipation donc, une guerre a lieu en Europe et les grandes œuvres d’art ont été rapatriées ici, au Japon, pour être sauvegardées.

Dans le hall d’un musée, une sorte de no man’s land entre deux salles d’exposition, une vingtaine de personnes se croisent. On surprend par petites touches leur quotidien et parfois un bout de leur intimité. Il y a des couples qui se cherchent, une famille qui se retrouve, ceux qui parlent de leur engagement, des amateurs d’art qui questionnent, à travers la peinture de Vermeer, le regard du peintre et l’invention de la modernité.

Et si la guerre est lointaine, comme celle que l’on ne capte qu’à travers nos écrans de télévision, sa présence invisible habite chacun.

Ce n’est pas l’actualité qui a présidé au choix de ce texte pour faire cette lecture, même si elle résonne encore plus fort aujourd’hui.

Il s’agissait au départ de rassembler toutes les personnes avec lesquelles j’allais travailler au cours de la saison au théâtre de l’Elysée. Et surement en inviter quelques autres, car la pièce de Hirata convie une vingtaine de comédiennes et de comédiens à tisser cette histoire.

L’autre raison est que qu’au-delà de son thème, c’est une écriture que je travaille régulièrement car je trouve qu’elle fait du bien. Elle s’intéresse à des petits mouvements de l’être, invite à voir des gens qui s’accordent sous nos yeux à travers leurs conversations parfois anodines, passant au-delà de leurs différents. Comme s’ils accordaient plus d’importance à la relation qu’à l’opinion.

On suit des instants de vie, une façon de s’écouter, de se relier, de se quitter.

Et c’est un travail passionnant pour les actrices et les acteurs que j’avais envie de partager en public.

Et une belle façon de débuter ensemble la saison.

Olivier Maurin