PIG BOY
Gwendoline Soublin / Hélène Cerles & Noëlle Miral / Collectif Le Bruit des Cloches
TEXTE Gwendoline Soublin
MISE EN SCÈNE Hélène Cerles & Noëlle Miral
JEU Hélène Cerles, Romain Maurel, Noëlle Miral
SCÉNOGRAPHIE Clément Dubois
LUMIÈRE, TECHNIQUE, RÉGIE Quentin Bontemps
SON Romain Maurel
COLLABORATION ARTISTIQUE / COORDINATION Lucie Monziès
COSTUMES Sarah Vigier
REGARD EXTÉRIEUR Jean-Luc Guitton
COPRODUCTIONS Le Caméléon - Commune de Pont-du-Château (63), Théâtre Cornillon - Commune de Gerzat (63), La Cour des Trois Coquins - Ville de Clermont-Ferrand (63), Théâtre de Châtel-Guyon - Ville de Châtel-Guyon (63)
Triptyque hybride, atypique et futuriste.
Dans un triptyque à la forme hybride, atypique, et futuriste, Gwendoline Soublin explore les travers de l’élevage intensif et interroge le devenir du monde paysan et les limites du progrès. Se jouant de toutes les modalités de la parole, elle nous plonge tour à tour dans la tête d’un agriculteur se rêvant cow-boy plutôt que pig- boy ; dans le procès en ligne d’un porc-star nommé Pig Boy, où juges et internautes décident de son sort ; puis dans la tête d’une truie qui s’échappe de sa clinique pour aller mettre bas de ses petits-bébés-d’hommes dans la « nuit forestière ».
Du destin d’un agriculteur breton de 1986 à celui de l’Humanité en 2358, Pig-Boy est une tragédie d’anticipation, jubilatoire et poétique.
NOTE D’INTENTION
La première partie de la pièce retrace la vie d’un agriculteur breton de sa naissance à sa mort sous le mode « L’histoire dont tu es le héros ». Le récit est empreint de l’imaginaire du western : le protagoniste se rêve cow-boy, mais il reste un pig-boy, un éleveur de porc endetté pris dans les rouages d’une agriculture productiviste. On assiste à la lente disparition du monde paysan et de ses traditions. Pour raconter cette histoire, nous serons les Miss France élues chaque année par cet agriculteur, images surannées d’une autre France, mais surtout figures d’un destin qu’il ne parvient pas à prendre en main.
La deuxième partie est le procès en ligne d’un porc nommé Pig-Boy, égérie de la marque de jambon Perta. Ce procès exacerbe tous les travers du monde médiatique d’aujourd’hui: sensationnalisme, appauvrissement du débat public, immédiateté de l’information, médiatisation de la vie privée, etc. En incarnant une série de personnages grotesques, presque bouffons, à la fois drôles et tragiques, nous souhaitons traiter cette partie comme une orgie médiatique où les écrans auraient disparu, laissant apparaître les monstres qui se trouvent derrière, outranciers et risibles. En outre, il s’agira de donner une réponse artisanale à cette partie qui en appelle à la technologie. Se posent alors de nombreuses questions : quelle différence pourra-t-on faire encore entre virtualité et réalité ? Que reste- il de la morale et de la liberté d’expression dans un monde où la présence physique est effacée? Et que reste-il de la nature omniprésente dans la première partie de la pièce?
La troisième partie propose au spectateur d’entrer dans la tête d’une truie et d’errer avec elle au fil de ses pensées, qui accompagnent sa fuite d’une ferme-clinique en 2358. Réflexion sur le transhumanisme, projection dans un monde dénaturé par le progrès et expérimentation linguistique, cette partie est résolument laboratoire. C’est ainsi que nous souhaitons la traiter au plateau, par une recherche sur cette mutation de l’espèce et de la langue.
Au centre donc, l’agriculture et son devenir, l’intrusion croissante du virtuel sur le monde réel, le transhumanisme comme défi aux lois de la nature, la condition animale et humaine comme étant intrinsèquement liées: la pièce interroge notre héritage, le monde d’aujourd’hui et celui de demain.
Trois temporalités, trois registres de langue, trois univers : la multiplicité des formes pose de nombreuses questions de mise en scène et offre à l’acteur une partition de jeu riche et variée. C’est d’abord là que réside notre envie de monter cette pièce. Ce sont ces trois histoires que nous voulons raconter en changeant d’énergie, de rythme, de corps, de langue et de personnages. Des commentaires qui fusent sur le net, une expertise d’un spécialiste des porcs chinois, une revendication d’un boucher Breton, une chanson à la mode, un monologue intérieur… La pièce est une rhapsodie, montage jouissif de toutes les manières de dire, à l’image d’une planète où la parole circule librement, à la fois uniformisée et polyphonique.
Pig Boy n’en reste pas moins une pièce énergique et pleine d’humour. Par la richesse des sujets abordés et la forme novatrice de la pièce, Gwendoline Soublin lance un véritable défi au théâtre. Pour le relever, nous serons accompagnées par notre musicien, Romain Maurel, qui cheminera depuis la musique traditionnelle bretonne jusqu’à la musique électronique puis expérimentale, à la recherche des étranges évolutions sonores à venir.
Hélène Cerles & Noëlle Miral
parle de ce spectacle sur son réseau.
Durée : 1h40