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Entre Côtes, une série porcine

Théo Perrache

TEXTE Théo Perrache
AVEC Fanny Godel et Romane Karr
MUSIQUE Louise Foret

Lecture musicale

Tétanisé par la peur du loup et écrasé par ses tabous virils, ce duo de petits cochons se transforme au gré des épisodes et nous invite à essayer de comprendre pourquoi les émotions se cognent-elles si fort entre elles dans les cœurs des porcs.

Devant la télé dans leur maison de briques ou encore sur la pelouse du stade de foot, dans chaque épisode, on assiste au spectacle bouffon de deux cochons qui craquent. Qui craquent l’armure. Qui craquent la parole. Qui craquent l’un pour l’autre, qui craquent sous la dent l’un de l’autre.

En pleine crise virile, ces petits cochons règlent leurs comptes, se purgent et se réparent. Broyés dans un festin cannibale, éradiqués par la fin du monde ou encore assassinés dans la gueule d’un loup qu’ils s’inventent eux-mêmes, ce duo retarde le moment inévitable de sa disparition.

Note d’intention

Plus jeune, je trouvais les garçons fascinants. Ils étaient tout tristes quand on perdait un match. Alors ils se consolaient dans les vestiaires en se touchant le zizi, en se regardant les muscles, se claquant les fesses. Tout cela, en se traitant de tafioles.

J’estime qu’il y a dans la communauté des hommes un énorme tabou né de l’amalgame entre le désir et la douceur. Sans savoir cohabiter entre elles, ces émotions se cognent et se font mal. Elles s’empêchent mutuellement d’exister et de se fondre ensemble. Ce tabou contamine nos corps, nos constructions, nos imaginaires et nos rapports intimes entre hommes. Il génère par extension de l’homophobie et de la haine des femmes. Je cherche ici à venger, à réparer ce manque, cet abandon.

Je démembre ici ces contradictions pour dévoiler ce qui se joue, physiquement et affectivement dans un ensemble non exhaustif de relations entre hommes : rivaux, alter-égos, frères, pères, coéquipiers…

Je propose d’observer, de décortiquer et de réinventer les imaginaires masculins avec amour, dérision et colère à la fois.

Je propose de plonger dans la mécanique sensible et naïve pour faire parler les porcs. Pour mieux comprendre, pour mieux apprendre à partir des modèles masculins qui peuplent mes traumatismes et ceux des femmes de ma vie.

Je propose que les corps qui auraient dû se toucher, se touchent. Que les mots tendres ou les hurlements qui auraient dû sortir, sortent. Que les actes manqués ne se manquent plus.

En tant qu’homme cis, je me suis interrogé sur ma place d’auteur. Qu’est ce que j’écris? Qu’est ce que j’apporte? Je crois qu’il est urgent de nous interroger entre hommes, de nous éduquer entre hommes. C’est entre hommes qu’il nous faut retracer les chemins de nos blocages affectifs, de nos incapacités à communiquer correctement, de nos comportements oppressifs.

Le 24 juin • 19h30
Durée : 1h
Entrée à prix libre, sans réservation